Derrière un titre en gras accrocheur sur l’urgence des rénovations de l’hôtel de ville l’article de Var matin du 25 mai, résumant la séance du conseil municipal du 23, a mentionné notre interrogation, et notre abstention, sur le projet de convention de résidence d’artistes. Abstention sur laquelle n’a pas manqué de surfer un candidat aux prochaines élections législatives qui n’hésite pas à instrumentaliser la culture à des fins électorales, quitte au passage à afficher ouvertement les violations de la loi sur l’affichage électoral.

Soyons clairs, bien évidemment nous ne sommes pas opposés, bien au contraire, aux résidences d’artistes. Elles constituent un moyen, parmi d’autres, permettant de soutenir, encourager et développer la production des spectacles du théâtre, des arts de la rue, du cirque et de la danse. Ce qui est appelé résidence d’artistes, c’est l’accueil d’artistes dans un lieu où sont mis à leur disposition les moyens et les outils qui leur permettent de mener à bien un travail de création artistique. Cet accueil devant se faire dans un désir de partage de compétences et donc de réciprocité. Les structures d’accueil des résidences d’artistes sont aussi de nature très variées puisqu’elles peuvent être déjà celles, publiques ou privées, qui ont vocation à produire et diffuser du spectacle vivant comme les théâtres, les scènes nationales ou conventionnées, les centres dramatiques ou chorégraphiques nationaux, les centres culturels ou encore les festivals… mais aussi les  collectivités locales, principalement les communes ou communautés de communes dans le cadre de leur politique culturelle, voire même des hôpitaux ou des  établissements scolaires…

Ainsi, comme le mentionnait la plaquette, éditée par « Le Transfo » pour le compte du conseil régional Auvergne, « La logique de la résidence consiste avant tout à mutualiser et à rationaliser les moyens et les compétences. Ce n’est pas un hasard si le concept s’est développé ces dernières années, car il apparaît comme l’une des réponses possibles au manque de moyens, révélé entre autres par la crise de l’intermittence. La rationalisation peut être une motivation en soi, également encouragée par les partenaires institutionnels. Mais dans un domaine comme la culture, un rapprochement entre une structure d’accueil et une compagnie doit trouver un sens plus profond, des enjeux d’ordre artistique et politique plus forts que l’opportunité de bénéficier d’une salle de répétition. Les motivations de l’une et de l’autre partie ne sont cependant pas identiques. Des malentendus peuvent ainsi se révéler en cours de route et gâcher la rencontre. Il importe donc de bien se connaître et de savoir mesurer les enjeux qui motivent son partenaire, et aussi de trouver des raisons communes de s’engager ensemble. »

Nous nous sommes donc abstenus car le projet de résidence d’artistes à Saint Mandrier mérite mieux qu’une simple délibération sur l’approbation d’une convention type qui aurait été élaborée par la municipalité. Quel intérêt d’approuver un document qui a été formalisé depuis très longtemps sur la demande du ministre de la culture et de la communication[1], avec l’aide d’un avocat spécialisé, par l’USOPAV[2], la FRAAP[3] et le CIPAC[4] , dont le réseau Arts en Résidence qui le recommandent conjointement de même que l’ADAGP[5] et la SAIF[6] ? Parce que l’on se méfie de tout ce qui vient de Paris et qui est le résultat de la pensée des énarques comme l’affirme le maire ? Cela n’a pas de sens ou alors il va falloir que le conseil municipal délibère sur tous les documents administratifs qui sont imposés par la loi et le règlement. Ce qui est quelque part amusant c’est d’être accusés d’incohérence sur nos arguments :   ainsi, alors que nous avons critiqué le recours à un cabinet conseil, pour la modique somme de 8 000 euros, afin d’aider l’équipe municipale à préparer l’avenir budgétaire alors que les compétences existent au sein du personnel communal, nous reprocherions à la même équipe d’avoir utilisé ces mêmes compétences pour rédiger toute seule le projet de convention.  Convention qui est déjà élaborée, accessible et gratuite sur les sites institutionnels et des sociétés d’artistes… Cette fois-ci on aurait pu économiser des heures de travail inutiles aux personnels de la mairie.

La culture n’est pas un document administratif ou une idée de convention, c’est un vrai projet de société qui mérite un débat, même dans une petite commune et pour une salle de 150 personnes.  

[1] Qu’il sera difficile de traiter d’écolo-bobo

[2] USOPAV : Union des Syndicats et Organisations des Arts Visuels

[3] FRAAP : Fédération des Réseaux et Associations d’Artistes Plasticiens

[4] CIPAC : Fédération des professionnels de l’art contemporain

[5] ADAGP : Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques

[6] SAIF :  Société des auteurs des arts visuels et de l'image fixe