Peut-on accepter en 2022 qu’un maire puisse insulter de la sorte une élue ? Car n’en doutons pas il s’agit bien d’une insulte doublée de l’expression d’un sexisme ordinaire et non d’une simple altercation verbale cavalière (cf. le compte-rendu de Var Matin du 21/12/2022).
Car le mot « niais » est bien originellement un nom d’oiseau. Or, depuis la fin du 19e siècle, l’habitude a été prise, notamment par les politiciens soucieux de se préserver des poursuites pénales, de se dissimuler, par un doux euphémisme, derrière les noms d’oiseaux, réputés pour leur manque d’intelligence, pour injurier, insulter ou outrager ses contradicteurs. Depuis, quel que soit le dictionnaire, « niaise » est systématiquement définie comme étant l’expression de la sottise, de la bêtise, de la gaucherie, de la simplicité d’esprit. C’est donc bien une insulte qui a raisonné le 19 décembre dernier dans la salle Marc Baron.
C’est aussi l’expression d’un sexisme ordinaire qui serait encore moins excusable si l’auteur de ces propos cherchait à s’en défendre en faisant référence à la littérature française. Non, la citation d‘Alexandre Dumas fils n’est pas un compliment à l’égard des femmes. Affirmer que « la femme la plus niaise est cent fois plus rusée que l'homme le plus spirituel » c’est tout simplement prétendre que la femme est prête à tout pour parvenir à ses fins. Dans la droite ligne de ce qu’écrivait déjà peu de temps avant lui Honoré de Balzac « cette sainte femme qui, …, se mettait elle-même en capilotade et se donnait des torts, afin de se donner aux yeux du candide écrivain cette virginité que la plus niaise des femmes essaie d’offrir à tout prix à son amant ».
Autre temps, autre mœurs.
Alors évidemment, le maire ayant refusé de revenir sur son propos, notre regret c’est de n’avoir pas quitté la salle en signe de protestation et de solidarité avec notre élue outragée.
Il nous reste toujours, comme nous y a invité l’auteur du propos, de porter plainte et de saisir le procureur mais nous savons très bien que nous ne luttons pas à armes égales. C’est aussi un vrai sujet de démocratie. La justice est ouverte à tous, mais elle a un prix et un coût. C’est facile pour un maire d’attaquer ou de se défendre de n’importe quoi avec la protection fonctionnelle et l’argent du contribuable. C’est plus difficile pour une élue qui ne pourra le faire que sur ses fonds personnels avec les risques inhérents des conséquences des irrecevabilités ou des vices de procédure. A moins que le conseil municipal n’accepte de lui accorder la protection fonctionnelle, à Saint Mandrier nous pouvons toujours rêver…