Dans son édition de mai, Le Mandréen consacre une page à la présentation du budget primitif 2025 de la commune. Une seule page pour ce qui, selon les mots mêmes du maire, constitue la réunion la plus cruciale de l’année ? Voilà qui semble pour le moins disproportionné avec l'amateurisme de la présentation.
Car derrière les formules convenues et les tableaux chiffrés, la lisibilité est aux abonnés absents. À moins d’être un expert chevronné en finances publiques, qui peut comprendre quelque chose à cet enchevêtrement de sigles et de concepts techniques ? CFU, THRS, TFPB, TFPNB, RAR, « opérations d’ordre »… On se croirait face à une page d’hiéroglyphes. La pédagogie, pourtant essentielle lorsqu’on parle d’un budget de plus de 22,5 millions d’euros, semble avoir été oubliée.
Pourquoi présenter le budget global dans sa version comptable, certes techniquement conforme, mais qui accentue le flou pour les non-initiés qui découvrent qu'un virement de 3 718 761,83 € est mentionné deux fois : une première en tant que dépense de fonctionnement, une seconde en tant que recette d’investissement... L'orthodoxie budgétaire et comptable est une chose, l'information en est une autre et la compréhension par les concitoyens doit être une préoccupation majeure.
Mais ce n'est pas tout : le flou ne s’arrête pas aux acronymes. Car en additionnant les colonnes de trois des tableaux budgétaires, on se heurte à un problème autrement plus grave : les totaux affichés sont faux. Jusqu’à plus de 500 000 euros d’écart entre les sommes indiquées et la réalité des additions. Erreur de saisie, de calcul, négligence, incompétence ? Dans un budget communal, ce type d’écart ne peut être traité à la légère.
Alors oui, il est peut-être temps de changer de tableur, de méthode.... d'équipe municipale. Car s’il est bien une exigence non négociable quand on engage l’argent public, c’est la clarté et la rigueur. À fortiori quand on affiche la transparence comme un principe fondamental de l’action municipale.
Évidemment, nous avons retrouvé les sources des écarts, puisque nous, contrairement aux Mandréens, avons accès aux documents budgétaires. C’est dire à quel point la transparence affichée reste une façade.
Oui, l’erreur est humaine. Mais la répétition et l’opacité sont, elles, des choix politiques. Et elles confirment une chose : quand il s’agit des chiffres avancés par l’équipe municipale, mieux vaut toujours les vérifier deux fois — qu’il s’agisse d’euros ou de mètres carrés.